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Pensée et partage sur l'impermanence



L'impermanence est l'un des principes fondateurs de la philosophie bouddhiste.

On l'appelle aussi Anitya, cela signifie que rien de dure, rien n'est immuable, tout change, tout évolue.

L'impermanence fait partie du cycle de la vie mais, nous le vivons tous de manière différente.

Qui n'a jamais pleuré à la fin des vacances? Qui n'a jamais ressenti un soulagement après la fin d'un mal de tête? Ou un profond bonheur dans son bain après une journée difficile? Rien n'est éternel, rien ne dure.

Ces exemples démontrent l'impermanence de la vie tout comme la nature et les saisons.

Au Japon, la floraison des cerisiers est une vraie fête, un évènement incroyable qui rappelle encore une fois l'impermanence de la vie. On s'en délecte, on les admire en famille et on profite car on sait que cela dure dix à quinze jours et après c'est le clap de fin, il faudra attendre l'année suivante.

Toutefois, on évoque les cerisiers, la fin des vacances, un mal de tête, qui sont des exemples de l'impermanence, mais qui ne demeurent pas trop difficile à vivre, avec des solutions à portée de main... Mais qu'en est-il si nous vivons des moments difficiles, voir très difficiles? Vivre une douleur de manière générale sur une durée plus longue? Ou quand on les cumule, genre, la loi des séries ....

Cela devient beaucoup plus compliqué de relativiser sur l'impermanence de la vie et se répéter intérieurement que rien ne dure quand la souffrance est là, car la seule chose qu'on aimerait connaître, c'est la durée de cette douleur, quand cela va s'arrêter.

M'auto questionnant sur le sujet, me voilà en train de relire et rechercher des réponses au travers de mes premiers piliers: le Vinaya Pitaka, le Tipitaka, l'abhidamma, le Tao, le Dalai Lama, Matthieu Ricard et tant d'autres.

Et tout en cherchant, je découvre avec quelle rapidité les ruminations s'installent dans notre tête quand on ressent de la douleur : "pourquoi moi? J'aimerai que cela se termine... j'en ai marre, j'en peux plus, pourquoi le sort s'acharne" ?

On s'épuise dans la douleur et les ruminations, on cherche des solutions ou une routine qui pourrait apaiser: musique, méditation, lecture, bougies etc

De surcroît, on retrouve des conseils bienveillants de proches, mais malheureusement pas toujours en adéquation avec la souffrance que l'on ressent et qui vient souvent invalider un peu plus notre douleur. Ces conseils commencent souvent par: calme toi, détends toi, accroche toi, déstresse, accepte la douleur, lâche prise ou encore ce qui ne tue pas rend plus fort.

C'est exactement ce que l'on aimerait pouvoir faire face à toute douleur, pouvoir se calmer, se reposer et l'accepter. En donnant ces conseils, on fait souvent plus de mal car on renvoie à la personne qu'elle n'y arrive pas, qu'elle est dans l'échec et qu'elle ne s'en sortira jamais.

C'est comme une personne qui dit à quelqu'un qui est terrorisé: "N'aie pas peur, ça va bien se passer"...

Comment dire? Une personne ne fait pas exprès d'avoir peur.

C'est une expérience que j'ai vécu tant de fois! J'aurais tant aimé qu'on me dise : "Et si on envisageait de contourner cette peur différemment? C'est normal d'avoir peur, c'est une émotion comme une autre et je vais être là pour y faire face avec toi".

Puis, on essaie la méditation encore et encore, on essaie de se concentrer...là aussi on n'y arrive pas, tout ce que l'on entend ou perçoit c'est la douleur du corps qui se remplit d'une sensation d'échec et de découragement.

En effet, je me rends compte qu'on ne vit que d'injonctions, utilisant l'impératif en permanence et on devient tous des obsessionnels compulsifs du verbe falloir et devoir.

Cette phase d'acceptation de la douleur tant convoitée passe d'abord par une phase plus importante qui est l'adaptation du corps et de l'esprit face à cette sensation si grande qu'est la douleur. Je ne dis pas que la douleur doit être normalisée, mais il est important de laisser le corps reconnaître ces signaux et le laisser s'adapter à la douleur pour distinguer si c'est une urgence qui porte atteinte à notre vie ou pas.

Toutes ces phases sont en lien avec notre éducation et notre société qui nous poussent en permanence à la performance et la perfection. On doit tout faire rapidement et efficacement sans jamais trop s'écouter car on perdrait trop de temps. Et quand on souffre, on doit trouver les solutions les plus rapides et les plus efficaces, non pas pour aller mieux et s'aimer, mais pour vite reprendre le travail et vite se retrouver en piste.

Finalement ...on médite parce qu'il faut déstresser, on fait des exercices de respiration parce qu'il faut mieux respirer pour enchaîner sa journée, on fait du sport ou du yoga parce que c'est important de le faire, non pas pour s'aimer et se chérir mais avant tout pour garder le contrôle et pour essayer de ressentir ce pseudo sentiment de sécurité qui nous est si cher.

Soyons clairs, je ne dis pas qu'entreprendre des choses quand on souffre n'est pas bien, bien au contraire... je me demande juste si nous nous sommes posés la question pourquoi nous entreprenions telle ou telle chose?

Et si on méditait pour Être? Et si on respirait pour Être? Et si on essayait de faire toutes ces choses dans l'unique but d'Être avec ces bonheurs et ces douleurs, ces imperfections et ces fêlures qui font de nous qui nous sommes dans cette formidable impermanence de la vie.

En essayant de comprendre çà, je me rends compte également que nous en faisons trop et que nous n'avons que des objectifs et des buts.

Et si face à la douleur et à l'anxiété qui l'accompagne, on essayait d'arrêter de résister, d'arrêter de se sermonner, d'arrêter de se sentir coupable et d'arrêter les injonctions? Et si on ne faisait RIEN? On s'entend... je ne parle pas d'un traitement médical évidemment ou d'une urgence.

Quand je ne dis rien c'est vraiment rien, pas si facile dans notre monde.

La résistance peut être bénéfique dans certains cas, mais face à certaines douleurs de la vie, il peut être intéressant d'arrêter de résister et de ne rien faire. A chacun son truc... pour ma part, j'ai découvert que ma façon de faire "du rien" et de stopper la résistance face à la douleur ou à une anxiété trop envahissante, c'était de me coucher au sol, c'est tout. Sans musique, sans bouger, juste rien.

Ne rien faire permet d'observer et être. Ne rien faire permet de ne pas se rajouter des échecs supplémentaires avec une énième tentative.

Après un moment, on s'habitue à ne rien faire en cas de crise, on peut même ressentir un certain réconfort dans cette immobilité et avec un peu de pratique, on pourrait même entrevoir l'impermanence.

Vous êtes toujours là? ne vous inquiétez pas qui dit impermanence, dit que c'est bientôt la fin de mon post.

Entre les douleurs et les maux de la vie ainsi que les joies de l'existence, on apprendrait à mieux vivre et à savourer celle ci en comprenant la signification de l'impermanence de la vie. La vie prendrait une autre saveur.

Des fois, ce n'est pas facile d'accepter l'impermanence et il y a même des jours on trouve cela injuste et dur, mais petit à petit en arrêtant d'être toujours dans la performance et le solutionnement à tout prix et en arrêtant tout quelques instants, on peut sortir de cet état de douleur et de captivité.

Cette réalisation serait plus facile si l'on apprenait tout cela dès l'enfance... peut être pourrions-nous apprendre à planter un arbre à un enfant afin qu'il découvre l'impermanence ou pourrions-nous réapprendre à en planter un en étant plus âgé afin de ne pas l'oublier...






















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